«Navetanes»: est - ce toujours l'hivernage?



Depuis 1970
à l’initiative de Lamine Diack actuel Président de l'International Association of Athletics Federations (IAAF), les vacances sont devenues des moments de rencontres entre les associations sportives regroupées en zones qui sont affiliées à leur tour à l’Organisme Départemental de Coordination des Activités de Vacances dénommés O.D.C.A.V. Ces derniers sont fédérés au sein de l’O.R.C.A.V. qui supervise les activités régionales. Enfin l’O.N.C.A.V, au sommet de la hiérarchie, constitue le regroupement de toutes les instances régionales.

En marge de la fédération sénégalaise de football, se développent donc des pratiques sportives de quartier en toute autonomie. Ces pratiques appelées « navétanes », du mot wolof «navéte» (saison des pluies) revêtent un caractère massif et impliquent tous les acteurs de la vie sociale.

Ce Championnat National Populaire réunit chaque année des milliers de jeunes autour du sport, de la culture et des activités socio-économiques. Les « navétanes » ayant été créés pour rapprocher les jeunes, participer à leur éducation et organiser des vacances saines et utiles.

« Le sport est ici le prétexte de sociabilités locales et d'une certaine convivialité entre les jeunes. Le quartier revêt, dans les « navétanes », le sens de terroir. Les noms des associations de sportifs sont un révélateur de l'expression de l'identité culturelle qui s'exprime dans les navétanes. Auparavant, les associations empruntaient les appellations des clubs de football européens et brésiliens. Aujourd'hui, les associations prennent des noms qui ont un sens traditionnel, national et territorial. »

Pour la seule région de Dakar qui englobe plus de 350 associations, l’O.R.C.A.V. programme les matches du championnat zonal dans les 13 zones que compte le Département de Dakar. L’issue de ces championnats zonaux, une phase départementale est organisée entre les meilleurs clubs cadets et seniors de Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque. Ce championnat départemental désignera les équipes devant représenter la région de Dakar aux phases nationales qui sont généralement jouées au mois de septembre de l`année suivante. Cette année le début du championnat « navétane » est prévu pour le début du mois d’août aux différents stades: Léopold Senghor, Demba Diop, Iba Mar Diop, Parcelles Assainies, Yoff, Ngor, Ouakam, Hann, etc.

Cette discipline génère de plus en plus une euphorie incomparable. La passion du jeu, la rage de vaincre pour l’honneur de son quartier, (motivation principale) animent ces rencontres et donne parfois cour à des violences entre supporters des différentes ASC.

Les « navétanes » ne doivent pas plus développer que le football. Le mouvement doit penser à inclure davantage dans ses activités d’autres disciplines telles que le basket, le handball, le volley-ball, l’athlétisme, etc.


Hors du champ sportif, les « navétanes » s'impliquent dans le culturel et le social à travers une diversité de pratiques que ses acteurs imaginent. Cependant, il faudra déplorer du coté des organisateurs, la négligence du volet culturel, même s’il faut saluer la hausse du taux de la sanction pour les ASC qui choisissent de ne pas participer aux compétitions culturelles.

Les « Navétanes » ne doivent pas se focaliser uniquement sur le sport, en particulier le football. En développant l’aspect culturel, les « Navétanes » deviendront sans nul doute, une économie, un moyen de reconversion des jeunes.


Car au delà des compétitions sportives, pendant cette période se développe dans les quartiers, un ensemble de pratiques culturelles, socio-économiques et productives pour répondre aux exigences des compétitions. Ce sont de fortes sommes d’argent qui sont collectées pour les besoins des recrutements des athlètes, des organisations des rencontres, des préparations mystiques, des caravanes des comités supporters, etc.

Dommage que cette organisation entrepreneuriale ne subsiste pas aux vacances, et qui pouvait contribuer à la lutte contre la pauvreté, le chômage, l’insécurité et l’insalubrité de plus en plus présents dans nos quartiers. Car une partie de cette manne financière générée par les «navétanes» devrait au moins retourner aux quartiers et canalisée avec la création de Gie, PME et PMI. C’est le nouveau défi.


Autre sujet aussi sur lequel on ne pourra passer sous silence: les T.I.C. Jusqu’ici les ASC ont brillé par leur absence dans ce domaine. Or, le multimédia et l’Internet peuvent rendre d’inestimables services au mouvement « navétane » et par ricochet à la jeunesse toute entière. Il existe aujourd’hui un besoin important de la part des jeunes d’informations pertinentes et régulièrement mises à jour sur toutes les activités aussi bien socio-économiques, sportives et culturelles.

L’heure est à l’union et aux initiatives pour affronter ensemble les nombreux défis car, au demeurant, le développement du Sénégal passe inéluctablement par les jeunes.
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